Votre 1er sujet

Cette réalité, celle du moule qui façonne tout le monde à son image. N'y a-t-il pas de violence qui soit plus douce ? Ou alors de douceur qui ne soit plus violente ? Je me le demande bien souvent parce que, j'ai toujours trouvé que de ressembler à tout le monde et de faire pareil pour éviter l'exclusion, c'était un couteau à double tranchant, un suicide fataliste de sa personne au profit de l'uniformité... Et elle est pour qui au juste cette uniformité ? Quelqu'un devrait me le dire avant que je commette un carnage... Parce que je me suis toujours senti comme une victime des conventions, j'ai toujours senti qu'à Chesterfield, on n'en veut pas trop des originaux qui aiment être eux-mêmes sans se soucier des autres cons et de ce qu'ils veulent.

Je vous entends déjà me juger. J'ai grandi dans un environnement relativement sain et mes parents m'aiment, ils ne sont pas particulièrement révolutionnaires de caractère non plus. Mais l'agonie que je ressens viens du fait que quand je fais une action qui ne concorde pas avec la masse, on me traite en Diogène de Sinope, on me regarde avec dégoût comme si j'étais un chien galleux bon à boire l'eau des égouts. Parfois quand ça arrive j'ai simplement l'envie d'engueuler les passants pendant quelques minutes et me comporter comme un mendiant complètement désynchronisé à la réalité, au moins ça donnerait une vraie raison de me dévisager.

Peut-être que c'est pour ça que je fais beaucoup des choses que je fais. Non, en fait c'est plutôt certain que j'agis en cette direction simplement par rancune naturelle, je veux sortir de ce moule qui est une prison de conventions, la société se meurt dans le ritualisme et ses lois non-écrites, c'est mon travail de la libérer, car seul moi semble voir cette vérité toute simple et évidente.

J'ai trouvé un dé dans une ruelle en revenant vers chez moi l'autre jour. Croyez le ou non, mais il a changé de couleur quand je l'ai lancé et depuis, je suis devenu un dicer et je parle avec ce type ''X''. Enfin je dis ce type mais ça pourrais aussi bien être une femme qu'un homme. Une chose est certaine pour moi, c'est que ce n'est pas Dieu, Dieu est mort depuis longtemps et je crois bien qu'ils l'ont enterrés à Chesterfield à y voir la bande d'abrutis coincés qui y vivent.

Je vis seul, mon salaire de tatoueur me le permet et c'est bien tant mieux comme ça, c'est à peu près l'une des seules choses qui me rend heureux, l'art. J'ai choisi le tatouage puisque c'est bien l'une des seules formes d'expression qui perdure, c'est aussi la raison pour laquelle j'aime écrire et décrire ma vie à l'ancre sur le papier, c'est également, en revanche, pourquoi je déteste parler de vive-voix, les gens ne m'écoutent pas simplement parce que je suis de nature calme et que mes commentaires passent inaperçus. Quand on m'entend, on m'oublie. Au début ça me faisait mal, quand j'étais un gamin silencieux. Aujourd'hui je n'ai qu'à éviter de parler aux moutons, et j'évite de me faire répondre par des chevrotements.